Voici la lettre que j'ai envoyée à Marianne pour motiver ma demande de désabonnement.
J'ai longtemps pensé que Marianne était un journal "différent". Je le croyais libre, indépendant à la fois de la droite bling-bling et de la gauche caviar, ces deux chancres qui dénaturent notre vie politique française et brident les avancées dont notre pays a tant besoin. Je me rends compte qu'il n'en est rien (je suis lent, c'est le propre des péquenots de province).
J'avais déjà été échaudé par la parution du livre "off" de Maurice Szafran et Nicolas Domenach, dont les extraits parus dans Marianne dégagent un relent assez nauséabond de complicité avec le pouvoir -oh, ce tutoiement avec le président- , et de délation.
J'ai eu soudain honte, il y a quelques jours, d'avoir ri ou applaudi à la lecture des bloc-notes de Jean-François Kahn dont j'avais toujours apprécié la salutaire indignation et le verbe haut. Sa maladroite tentative d'explication me choque autant que sa bévue injustifiable et reconnue («détroussage d'une femme de chambre») dans l'affaire DSK, un viol présumé, faut-il le rappeler. Que J F Kahn, si prompt à dégoupiller pour dénoncer les outrances des grands, puisse être aussi un ami intime d'Anne Sinclair me navre. Celle-ci s'est commise des années durant chez TF1, la chaîne qui fabrique du crétin à programmes rabattus, devenant une caution morale et intellectuelle idéale pour cette télévision de m... (avec PPDA, un autre de mes grands "protégés"). Belle icône de gauche, en vérité que cette Marianne-là. On dit qu'on a les amis que l'on mérite.
J'ai détesté le dernier papier de Jack Dion sur le rassemblement du CRHA au plateau des Glières. Il se trouve que j'habite en Haute-Savoie où, entre parenthèses, un certain parachutiste nommé DSK, fut en 1986 imposé comme candidat aux élections législatives par la direction du PS contre le candidat local désigné démocratiquement par les militants du département. Passons. Il se trouve que je participe aux rassemblements du CRHA depuis quelques années. Faut-il être stupide ou ignorant pour croire qu'il y a chez ces citoyens et résistants la moindre nostalgie. Ce mot est d'une bêtise consternante. S'il est fait référence aux actes du conseil national de la résistance, ce n'est que pour en montrer le bien fondé toujours aussi actuel et pour appeler à résister face aux attaques de toutes les forces libérales et antidémocratiques à leur encontre. Dire de ces personnes magnifiques, engagées, courageuses, qu'elles sont nostalgiques est non seulement stupide et méprisant, mais c'est surtout faux et, pour un journaliste, c'est le plus grave.

La rubrique "Ils ne pensent pas (forcément) comme nous" me semblait être une bonne idée, démocratique, généreuse. Mais j'en suis arrivé à penser que, finalement, entre privilégiés, cette petite bataille d'arguments entre pro et anti-Sarko, entre pro et anti-Israël, entre pro et anti-tout, ce n'est qu'un petit jeu entre gens bien pour passer le temps, et que la vraie vie des hommes n'a finalement qu'une importance très secondaire par rapport au si délicieux débat d'idées.
Diplomates, hommes politiques, journalistes, avocats, qui écrivez dans les journaux ou qui vous exprimez sur les ondes, donnez donc le montant de vos revenus à vos lecteurs et auditeurs. Ces chiffres en diront plus long que vos beaux discours sur le monde auquel vous appartenez et sur la valeur réelle de vos propos. Non, décidément, Marianne n'est rien d'autre, tout compte fait, qu' un "salon" de plus, cossu et parisien. Et, de même que je n'ai pas besoin de TF1, des défilés de haute couture, de la dernière AUDI, du festival de Cannes ou des César, d'une croisière en Méditerranée ou d'un Ryad au Maroc pour vivre une vie intéressante, je n'aurai désormais plus besoin de Marianne.
ps : J'ai 55 ans, je suis instituteur depuis 1981, je gagne 2200 € par mois et je finirai de payer ma maison en 2022.
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