Le Broutard et les Clébards : fable moderne en alexandrins

Rédigé par Mohikkan | Classé dans : Nouvelles et histoires courtes

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En 2003, quand le duo Fillon-Raffarin nous a pondu sa réforme des retraites en nous faisant croire, comme toujours, que c'était la seule voie possible, j'avais "commis" (expression chère à mon chanteur préféré François Béranger) cette petite fable. Je n'avais pas de blog à l'époque. Cette fable me semblant toujours d'actualité, je la poste aujourd'hui. Bande de veinards, va !

C'est Raffarin qui s'y colle pour les besoins de la rime, mais on peut remplacer par Fillon ou Sarkozy, Hollande ou Eyrault, Sapin ou Macron. Élus par le peuple, ils sont tous des défenseurs de la finance et de son système inhumain et suicidaire.

Le broutard et les clébards


Malgré deux millénaires de massacre et de sang

On n’avait rien appris, tout allait comme avant.

Bien plus fous que jamais, en ces temps de naufrage,

Les chiens avaient conçu un nouveau moyen-âge.

Quelques dogues du monde avaient le monopole,

Persuadés, les sots, d’être élus du ciel.

Quant aux hardes de veaux, élevées comme clientèle,

Elles suivaient leurs maitres, consommaient leurs babioles.

Des chiens le caporal, un nommé Raffarin,

Était lointain cousin de l’ignoble Ysengrin.

Mi-fourbe, mi-menteur, comme seuls savent l’être

Les roquets qui se disent amis de ceux d’en bas,

Le ministre matois fait son prêchi-prêcha

Et dans un traquenard, les gueux il enchevêtre.

Il reprend à son compte l’antique droit divin,

Impose au petit monde de serrer sa ceinture,

Et le droit de l’argent, suprême forfaiture,

Transforme en marionnettes tout le peuple bovin.

Un broutard déluré, attiré par l’odeur

D’un banquet où les chiens sur le pré festoyaient,

S’en alla chaparder un peu de petit lait,

Une parcelle infime de leur si grand bonheur.

Un vieux bœuf au rebut, professeur décati,

Attrapa l’effronté et lui fit la morale :

«- As-tu tout oublié ? Tu agis en vandale.

Que fais-tu de nos lois ? Penses-tu à ta patrie ?

- Et que me servirait d’être bon citoyen,

Rétorqua le moutard, quand du festin les chiens

Ne me concèdent rien ? Mes frères sont bien bêtes

De ne point regimber quand si mal on les traite. >>

L’enseignant accablé ne put lui donner tort.

Raffarin ne connait qu’une façon de partage,

Organise du bétail le sanglant étripage,

Pour engraisser encore ses amis les cadors.

Alors le vieux hussard et l’enfant fraternisent

Et ensemble ils entonnent, oui, « le temps des cerises ».

Monarques, gardez—vous d’oublier vos devoirs

Car en chaque opprimé sommeille un communard.


Jean de L’affronte-haine


En guise de conclusion (provisoire), ce petit schéma qui me semble assez limpide ...

toujours plus de dividendes pour les actionnaires = toujours moins de retraites pour les travailleurs

... et un site intéressant où l'on apprend que les dettes ne sont pas les fatalités que l'on nous présente : la loi du 3 janvier 1973, dite « loi Pompidou-Giscard-Rothschild »

Mots clés : retraiteslibéralismedettepartage des richesses