Liberté d'expression: les caniches du système

Rédigé par Mohikkan | Classé dans : Humeurs

08
01 | 15

Ceux qui ont lâchement exécuté notamment Cabu ou Wolinski chers à mon cœur depuis les années soixante-dix, les auteurs du massacre de Charlie Hebdo viennent de montrer de la façon la plus abominable qui soit que, dans une démocratie, la liberté d'expression ne peut être qu'une et indivisible. Comme devrait l'être aussi d'ailleurs une véritable République et pas cet ersatz imbuvable que nous connaissons aujourd’hui en France. La liberté d'expression ne peut être amputée d'aucun morceau, si minuscule soit-il.

On doit pouvoir exprimer n'importe quelle pensée, même la plus abjecte. La parole n'est que l'expression d'une pensée. Être obligé d'enfouir, de taire ce que l'on aurait envie d'exprimer ne fait que renforcer ces sentiments, créer des tensions en soi et des incompréhensions avec les autres, certains psys en parleraient sans doute mieux que moi. N'ayant aucun gout pour la provocation, j'ai été personnellement souvent choqué par les mauvaises blagues des Guignols de l'info et leur façon que je trouve détestable et condescendante de traiter notamment les victimes de terroristes (!!!! Ben oui, mais c'est ailleurs, pas chez nous, hein ?) ou de catastrophes diverses. Idem celles du Petit journal, ou du Grand journal de Canal+, cette chaine qui est un désolant catalogue médiatique de la raillerie stérile des biens nourris. J'ai, je crois, le droit d'être choqué. Mais plutôt que de souhaiter la «mort» de ces émissions, j'ai choisi de ne plus regarder cette chaine, après avoir cessé de regarder sur toutes les autres, ces talk-shows ennuyeux et ricanants où les intervenants, appartenant tous exclusivement au monde d'en haut (Lire cet article), se pavanent, se complimentent ou se flinguent allègrement, remplissant de vide nos heures de loisir et nos têtes normales de conneries qui ne nous concernent en rien, ne nous apportent rien.

Quand, il y a quelques années, Philippe Val a viré Siné de Charlie Hebdo pour antisémitisme, il a commis une faute aussi énorme qu'impardonnable. Au lieu d'exprimer son désaccord (légitime) dans le même journal, il s'est soumis à l'ordre absolu d'en haut qui veut que l'on ne dise pas de mal d'un Juif, même le plus exécrable. On parle et on va parler longtemps et légitimement des affreux connards assassins qui ont tué 12 personnes à Charlie Hebdo. Combien Lloyd Blankfein, PDG de Goldmann-Sachs a-t-il de morts directes et indirectes, de suicides sur les mains du fait de ses malversations bancaires ? Malversations connues de tous et sur lesquelles tous les gouvernements occidentaux ont fermé les yeux. Bizarrement de cela, on ne parle pas ou si peu. Voilà pourtant un sujet pour un vrai journaliste; mais en reste-t-il ?

Beaucoup plus grave pour Val, il a lui-même écorché, fragilisé la liberté d'expression dont il était l'un de mes hérauts préférés depuis tant d'années. Impardonnable ! Incompréhensible ! Quelle tristesse ! J'ai immédiatement cessé d'acheter Charlie et rangé les souvenirs des rires des vieux spectacles de Font et Val sur l'étagère poussiéreuse des déceptions, entre l'espoir du 10 mai 1981 et l'allégeance des Verts au libéral-socialiste. Du coup, j'ai été moins surpris quand Val a été nommé à France Inter où il a rejoint l'ignoble Patrick Cohen, le journaliste-idéologue qui s'arroge le droit de dire qui bénéficiera d'une tribune sur le service de propagande publique. Ses « bons » : Houellebecq ou Zemmour, entre autres ont le droit d'exprimer des idées que je juge, moi, dégueulasses ou dangereuses. Ses (très) « mauvais » : Tarik Ramadan ou Dieudonné par exemple, n'ont pas droit à la parole (Couic !) sur Inter, ni même chez ses collègues comme Frédéric Taddéï (Voir la vidéo).

À propos justement du dernier cité, quand Vals (avec un s cette fois) s'en est pris si stupidement et si violemment à Dieudonné, lui offrant sur un plateau une tribune immense au lieu de le réduire au silence comme il en avait l'intention (il parait que lui aussi avait des ordres, chttt), il a également donné à entendre à tous les censeurs de la Terre que la liberté d'expression comporte en fait des... comment dire? … des exceptions ? … des oui mais ça on doit pas le dire ? .... des hou-là non ? … t'es sûr que le chef est d'accord ?, ...des amendements... chers à nos députés ? Le problème c'est qu'il va falloir très vite faire une liste parce que ceux qui ont le plus vite compris le sens de ces restrictions sont aussi les plus intégristes et les plus méchants.

À quelques très rares exceptions près, la totalité des caniches audiovisuels du pouvoir (amuseurs pas drôles, bronchite-chroniqueurs, éditorialistes indépendants mais payés ailleurs, journalistes buzzeurs, animateurs crétins, plus ou moins artistes, politiques mous, ... ceux qui se succèdent dans les talk-shows cités plus haut (voir cet article)), ont tourné le dos à Dieudonné le désignant comme devenu soudain l'être le plus infréquentable. N'épargnant personne, pas plus les dérives des musulmans que les autres, il ne fait pourtant que faire de l'humour sur des sujets certes tabous pour les uns, mais dont on pense avoir le droit de rire pour les autres, exactement ce que faisait (et j'espère fera encore longtemps) Charlie Hebdo ou ce que font chaque soir les Guignols, ou les Monty Python et tant d'autres. Alors ? Une et indivisible, la liberté d'expression ? Sinon, pourquoi ces différences et pourquoi cette discrimination ? Les mêmes caniches (bien nourris, j'y tiens) sont revenus sur les plateaux de télé l'autre soir essayer de défendre comme ils peuvent une liberté qu'ils ont eux-mêmes bafouée en tournant le dos à Dieudonné. J'ai la faiblesse de croire que ni Coluche, ni Pierre Desproges, qui étaient d'une autre trempe et d'un autre courage, n'auraient agi ainsi.

Pour les caniches du pouvoir, on peut se procurer cet excellent film :

les-nouveaux-chiens-de-garde

À SUIVRE... Bien sûr !

Mots clés : Philippe ValCharlie HebdoDieudonnéLiberté d'expression