On a dit comme vous êtes beau, vous êtes un génie
Quel grand acteur, vous êtes merveilleux
On a dit quelle femme superbe, comme vous chantez bien
J’adore ce que vous faites
On a dit quel athlète, quel coup droit
Vous êtes notre champion, notre idéal
On a déroulé des tapis
Allumé des projecteurs
On l'a applaudi, acclamé
On a demandé sa sentence
Sur rien puis sur tout
Il aurait dû se taire
Pourtant il l'a donnée
On l’a invitée, fêtée, révérée
On l’a conduite dans des carrosses
On l’a habillée de haute couture
On l'a parfumée, photographiée
On a fait des ponts d’or
On l'a sélectionné, adulé, félicité
On a exigé des autographes
On l'a ceint de la tunique tricolore
On l'a investi héraut et héros
Vous êtes notre fierté
Notre pays c'est vous
Alors forcément
Il a oublié d’où il vient
Il a oublié qu’il fut un temps
Où un acteur n’était rien
Qu’un histrion misérable
Allant de ville en château
Préférant son art et La liberté
Aux ors et aux honneurs
Alors forcément
Elle a oublié d’où elle vient
Elle a oublié qu’il fut un temps
Où son chant ne valait pas plus
Que trois pierres d'un vieux mur
Qu'une botte de paille
Qu’un bol de soupe
Ils ont fini par croire
Que ces ponts d'or
Que ces carrosses, ces palais
Ils les méritaient
Vraiment
Ce que c'est tout de même
Que d'être aveugle
Alors ils ont fait ami avec les puissants
Avec les usuriers et les bourreaux
Ils ont fini par croire
Qu’ils n’étaient plus
De ces hommes simples, ces gueux
Ils se sont déshumanisés
Ils sont devenus des monstres
De pauvres marionnettes riches
Avides et avares
Sans coeur, sans âme
Des plus que tout
Des moins qu’un homme
Mais
Nous les avons faits
Nous pouvons les défaire
Il suffit
De ne plus les regarder
De ne plus les écouter
De ne plus les acclamer
De ne plus les encenser
Il suffit
Simplement
De les oublier
Alors
Ils se mettront à pâlir
Pâlir
Un peu plus chaque jour
Et quand ils seront devenus
Si pâles
Presque transparents
Et vulnérables
Peut-être alors
Redeviendront-ils
Des hommes
C'est tout le mal
Que je leur souhaite
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En attendant, réécoutons cette superbe chanson de Georges Brassens.
Le petit joueur de flûteau
Le petit joueur de flûteau
Menait la musique au château
Pour la grâce de ses chansons
Le roi lui offrit un blason
Je ne veux pas être noble
Répondit le croque-note
Avec un blason à la clé
Mon la se mettrait à gonfler
On dirait par tout le pays
Le joueur de flûte a trahi
Et mon pauvre petit clocher
Me semblerait trop bas perché
Je ne plierais plus les genoux
Devant le bon Dieu de chez nous
Il faudrait à ma grande âme
Tous les saints de Notre-Dame
Avec un évêque à la clé
Mon la se mettrait à gonfler
On dirait par tout le pays
Le joueur de flûte a trahi
Et la chambre où j'ai vu la jour
Me serait un triste séjour
Je quitterai mon lit mesquin
Pour une couche à baldaquin
Je changerais ma chaumière
Pour une gentilhommière
Avec un manoir à la clé
Mon la se mettrait à gonfler
On dirait par tout le pays
Le joueur de flûte a trahi
Je serai honteux de mon sang
Des aïeux de qui je descends
On me verrait bouder dessus
La branche dont je suis issu
Je voudrais un magnifique
Arbre généalogique
Avec du sang bleu a la clé
Mon la se mettrait à gonfler
On dirait par tout le pays
Le joueur de flûte a trahi
Je ne voudrais plus épouser
Ma promise, ma fiancée
Je ne donnerais pas mon nom
À une quelconque Ninon
Il me faudrait pour compagne
La fille d'un grand d'Espagne
Avec un' princesse à la clé
Mon la se mettrait à gonfler
On dirait par tout le pays
Le joueur de flûte a trahi
Le petit joueur de flûteau
Fit la révérence au château
Sans armoiries, sans parchemin
Sans gloire il se mit en chemin
Vers son clocher, sa chaumine
Ses parents et sa promise
Nul ne dise dans le pays
Le joueur de flûte a trahi
Et Dieu reconnaisse pour sien
Le brave petit musicien
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...Et Dieu reconnaisse pour sien
Le brave petit musicien
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