Les valeurs nauséabondes de l'UMP

Rédigé par Mohikkan | Classé dans : Politique et démocratie

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Après les acquis du Conseil National de la Résistance, l'UMP s'attaque à un autre symbole républicain : l'abolition des privilèges.

Depuis des années, chaque soir d'élection, je suis à peu près certain d'entendre, à un moment ou à un autre de la soirée, un membre de l'UMP placer qu'il a défendu ses "valeurs". Sans précisions. Rien. Jamais une indication, ne serait-ce que légère sur ces prétendues "valeurs" défendues. À chaque fois, je me demande de quelles grandes idées il peut bien s'agir.
  • La liberté, sans doute ?
    Diable ! elle est réservée à ceux qui peuvent en profiter. Les autres doivent se contenter des pelouses pelées des cités ou des vitrines des centres-villes sous l'oeil numérique des caméras de surveillance qui bourgeonnent aux quatre coins de notre pays. Au point qu'on ne peut s'empêcher de penser au "Big Brother" d'Orwell. Non, ça ne doit pas être cette valeur-ci.
  • L'égalité, peut-être ?
    Fichtre ! les inégalités n'ont jamais été aussi grandes. En vendant quelques stock-options, le n°2 du groupe LVMH, Antonio Belloni, vient de réaliser une plus-value de 18 millions d'euros, soit 1200 ans de SMIC. Ça ne doit pas être non plus de cette valeur-là qu'il s'agit.
  • La fraternité, alors ?
    Bigre ! avec le nombre de sans domicile fixe, de licenciements, de paysans asphyxiés par les distributeurs, d'étrangers expulsés, il faut avoir très bonne vue pour apercevoir une once de fraternité chez les UMPistes au pouvoir en notre bon pays de France!
  • Le travail, bien sûr ! Comment n'y avais-je pas pensé ?
    Diantre ! depuis que ce parti est au pouvoir, à part quelques annonces mensongeo-électoralistes (encore un adjectif nouveau à ajouter au dictionnaire cf gérardepardieu) du genre "Travailler plus pour gagner plus", les revenus du travail continuent de diminuer par rapport à ceux du capital. Tels les dividendes des actionnaires et autres spéculateurs qui gagnent beaucoup sans travailler ni rien produire, à part des bulles spéculatives et des hausses ou baisses artificielles du prix des matières premières. Lesquelles ne sont pas sans conséquences, souvent désastreuses, sur la vie des populations du monde.

Non, décidément, à part les valeurs boursières, je ne voyais pas bien de quoi il pouvait s'agir. Et puis deux ténors de l'UMP et non des moindres m'ont mis sur la piste : Bernard Accoyer, président de l'assemblée nationale et Jean-François Copé, nouveau chef de l'UMP.


Bernard Accoyer


Chaque année, au début du mois de mai et depuis l'élection de Sarkozy, des centaines de personnes se rassemblent au plateau des Glières (Haute-Savoie) à l'appel de l'association CRHA (Citoyens Résistants d'Hier et d'Aujourd'hui) (Voir le site). Cette association "appelle les citoyens, les élus et les gouvernants à agir selon les principes du Conseil National de la Résistance qui a défini des règles de vie commune basées sur la solidarité, l’entraide et la réussite de tous. Sur ces bases ont notamment été créées la sécurité sociale, les retraites par répartition et consacrée la liberté de la presse."

On peut y écouter de nombreux résistants d'hier, des communistes mais aussi des gaullistes, de Raymond Aubrac à Stéphane Hessel, ancien ambassadeur, ou encore Odile Nilès, amie de Guy Môquet. On trouve aussi des résistants d'aujourd'hui comme Alain Refalo, le courageux enseignant de Haute-Garonne, ou encore Gilles Perret, le réalisateur d'excellents films comme "Ma mondialisation" ou "Huis clos à Évian" que je vous invite à vous procurer ici.

On y trouve surtout des femmes et des hommes de tous bords, des gens simples et calmes, des gens qui s'interrogent et s'inquiètent, qui s'indignent. Des citoyens avant tout, qui n'ont pas voulu que Sarkozy détourne ce plateau, symbole de la résistance au nazisme, de sa véritable place dans l'histoire. La duplicité de notre hyper-président est telle (voir l'article: Pour en finir avec le communisme et le libéralisme) qu'il a tenté de récupérer à son profit (électoral) l'une des figures de l'histoire les plus contradictoires avec ses actions politiques. Odile Nilès considère d'ailleurs que faire lire sa lettre dans les classes de France, c'est « dévaloriser la valeur de ce qu'était Guy Môquet » et que celui-ci « serait fou de voir tout ce que l'on peut faire en se servant de son nom ».

Voici ce que Bernard Accoyer disait au Dauphiné Libéré du rassemblement 2009 organisé par le CRHA au plateau des Glières, il y a quelques mois : "Je trouve choquant et triste que la visite annuelle du chef de l'État puisse être contestée par des Français. Par ce geste parfaitement légitime, le président de la République marque la reconnaissance de la France à l'égard des combattants des Glières et, plus largement, de la Résistance. Vouloir attacher un sens politique à une telle manifestation commémorative m’apparaît particulièrement malheureux."

Que ce même président s'applique à anéantir l'oeuvre politique de ces mêmes résistants (sécurité sociale, retraites par répartition notamment) ne lui semble nullement malheureux. C'est cela qui est malheureux !


Jean-François Copé


Ce que Bernard Accoyer n'ose pas dire, Jean-François Copé, lui, le dit, avec une candeur qui fait froid dans le dos. Cela rappelle la sortie de Patrick Lelay, autre grand humaniste, sur le temps de cerveau disponible. Le nouveau chef de l'UMP, député de Seine et Marne, maire de Meaux (50000 habitants) et avocat d'affaires (ses journées font sans doute 96 heures) dit -en mars- et répéta -en septembre- qu'il régnait en France « une ambiance malsaine de nuit du 4 août », s'agissant de la situation sociale de notre pays. Lire "Copé récidive"

Rappelons que la nuit du 4 août 1789 fut celle où les représentants du peuple de France abolirent les privilèges de la noblesse et du clergé, et mirent fin à l'inique système féodal. Qu'un député de l'assemblée nationale de la République française qualifie de malsain cet évènement fondateur de la république, relèverait du gag dans la bouche de quelques grands gaffeurs dont la sphère du pouvoir nous gratifie parfois. Sortant de la bouche d'un des premiers barons (tiens, oui !) de la droite française, cela ne prête pas à rire. Du tout. C'est simplement l'aveu que cette droite n'est plus un parti républicain. En épousant les dogmes néo-libéraux qui veulent que la France n'ait qu'un seul objectif, tenir son rang dans la guerre économique et sociale qui ravage la planète, ses ressources et ses habitants, l'UMP a choisi de ne plus se préoccuper de son peuple et de ses souffrances. En clair, si, pour être concurrentielle, la France doit revenir à l'ancien régime, l'UMP le fera. Pour lutter contre la Chine et ses salaires de misère, il faut accepter que nos pioupious se contentent eux aussi de bosser pour rien, longtemps s'ils ont la chance d'avoir du boulot, et se taisent en regardant les niaiseries de TF1 ou les mercenaires du sport français. "Un peu de panem et beaucoup de circences." Voilà le peuple dont rêve l'UMP.

J'avais enfin la réponse à ma question sur les valeurs défendues par l'UMP : le retour à un monde fait d'une poignée d'aristocrates et d'une multitude de serfs, un monde sans démocratie ni république, l'ancien régime.

Danton martelait : "De l'audace, toujours de l'audace." De l'audace, du courage, nos dirigeants n'en ont pas ou pire, ils ne veulent pas en avoir. Ils sont soumis à l’ordre capitaliste mondial (Lire cet article : OMC, AGCS et AMI : de vrais ennemis des peuples) et se sont assis sur tous les humanismes, forçant notre pays à un retour en arrière de deux siècles et plus.

Qu'il est loin le temps où Le Guen de Kerangal montait à la tribune des États Généraux en 1789 pour appuyer, dans la fameuse nuit du 4 août, la généreuse initiative du vicomte de Noailles et du duc d’Aiguillon, pour la suppression des droits féodaux : « Soyons justes, Messieurs; qu’on nous apporte ici les titres qui outragent non seulement la pudeur mais l’humanité même. Qu’on nous apporte ces titres qui humilient l’espèce humaine, en exigeant que les hommes soient attelés à une charrette comme les animaux du labourage. Qu’on nous apporte ces titres qui obligent les hommes à passer les nuits à battre les étangs pour empêcher les grenouilles de troubler le sommeil de leurs voluptueux seigneurs. » « Qui de nous, Messieurs, dans ce siècle de lumières, ne ferait pas un bûcher expiatoire de ces infâmes parchemins, et ne porterait pas le flambeau pour en faire un sacrifice sur l’autel du bien public ? »


La nuit du 4 août, une "ambiance malsaine" ?

Mots clés : privilègesvaleursfraternité

Commentaires

Le 10 septembre 2012 reservation hotel paris a dit :

#1

Merci pour cette belle serie.

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